La faim justifie…. le plantain !
Si les fricassées de champignons vous font saliver et que vous rongez votre frein en attendant la période de cueillette des pholiotes, chanterelles et autres amanites vaginées, la recette qui suit vous est spécialement dédicacée. Les petits boutons floraux du plantain, que vous cueillez avant la floraison et tant qu’ils ne sont pas secs, ont un savoureux goût de cèpes qui s’amplifiera lors de la cuisson. Notre cassolette de Plantago, se sert sur des tranches de pain grillées et beurrées (faclutatif) et c’est un régal! N’hésitez pas à en faire un petit peu trop, réchauffée votre préparation exhalera un parfum de bolet encore plus prononcé…(recette en fin d’article)
Ex Nihilo nihil fit ! » De rien, rien ne vient !
De 1845 à 1848, l’Irlande connu une famine terrible due à un champignon parasite qui décima les récoltes de patates… Près d’un million de personnes moururent de faim et tout autant s’exilèrent vers le Nouveau Monde. L’île regorge pourtant de dizaines de plantes comestibles ! Selon l’éthnobotaniste François Couplan, des témoignages écrits confirment que certains habitants, qui n’avaient pas complètement oublié les connaissances ancestrales, eurent recours pour survivre à la flore spontanée et furent ainsi sauvés…
Plantain lancéolé, Plantago lanceolata
Les vagabondages de l’âge tendre vont irrémédiablement de pair avec l’expérimentation des piqûres multiples; fourmis rouges, moustiques, abeilles et orties. Ma grand-mère, qui assistait alors à certaines mésaventures, me criait aussitôt « du plantain, il te faut du plantain ! ». Elle s’empressait aussitôt d’en écraser les feuilles, cueillies à même la pelouse et les appliquait sur ma blessure.
Dans la pharmacie «verte» gratuite et très aisée de cueillette, le plantain occupe une place de choix. C’est une plante qui pousse presque partout; dans les pâturages, les prés, au bord des chemins et… même dans le jardin ! Les différentes variétés de Plantago sont connues pour leur propriétés cicatrisantes, antihistaminiques, anti-inflammatoires et analgésiques. Vite… un macérât huileux ! ( recette identique à celle de la pâquerette, détaillée dans l’article précédent )
Notre recette sauvage
Ingrédients
- 200gr de bouton de plantain.
- une botte d’ail des vignes ( ou oignon blanc )
- 1 gousse d’ail
- 2 échalotes
- 1 dl de vin blanc
- 2 dl d’eau
- 50gr de beurre
- une tombée de crème
- 4 feuilles d’épiaire des bois, Stachis sylvatica ( ou de persil )
- ail des ours, origan sauvage, serpolet, sel, poivre
Une fois votre récolte terminée, lavez les boutons puis hachez-les grossièrement. Faites-les revenir à sec dans une poêle afin de les torréfier légèrement, puis réservez.
Hachez les oignons, l’ail, les échalotes et faites revenir le tout dans la poêle avec du beurre. Déglacez avec le vin blanc puis rajoutez les boutons de plantain. Laissez suer légèrement puis rajoutez l’eau. Assaisonnez selon votre goût et laissez réduire, à feu moyen, jusqu’à la consistance voulue. Une fois la cuisson terminée, ajoutez la crème, c’est prêt!
Déposez ensuite votre préparation sur des tranches de pains grillées, parsemez-les de feuilles d’épiaire des bois hachées ou de persil. Terminez la décoration avec les fleurs d’ail des ours.
PS: toutes les quantités proposées peuvent être adaptées selon vos goûts.
Photos de l’article: ©Didierabbet.ch